Claude


Vues: 4118 Created: 2007.10.13 Mis à jour: 2007.10.13

Goujat !

Goujat !

Author: Claude

L'histoire que je viens vous rapporter ici, s'est passée le 26 décembre 1968 à 6 heures du matin, pour la plus part d'entre vous, amis lecteurs, elle n'aurait pas marqué votre mémoire, mais pour moi, 32 ans plus tard, j'en garde un souvenir attendri pour la protagoniste de l'aventure, vous comprendrez pourquoi plus tard.

Le 24 décembre au soir, je me suis fait écraser le pied droit dans un accident de la route. Le 25, je suis ballotté d'un hôpital à l'autre, pour finalement échouer dans un service de médecine. (Ma place en orthopédie aurait été plus justifiée) Je partage la chambre avec deux autres malades. L'opération de la veille de mon pied me fait terriblement souffrir, et la nuit qui vient risque d'être très dure pour moi : Pas de bonne place et une douleur lancinante. De fait je ne ferme guère l'œil de la nuit puisqu'en prime, l'un des deux occupants de la chambre ronfle tel un soufflet de forge.

Nuit interminable, mais le petit matin va m'apporter un spectacle inattendu. Il doit être au tour de six heures, la porte de la chambre s'ouvre sur un couloir inondé de lumière. Je vois en ombre chinoise une jeune femme pénétrer dans la pièce sans éclairer. Elle porte différents objets que je n'identifie pas tout de suite. Elle se dirige vers l'un des lits, et le hasard fait que pour moi, elle se détache dans l'embrasure de la porte restée grande ouverte. Autant que je puisse en juger d'où je suis, c'est une très jolie femme. De toute évidence elle n'a pas éclairé la chambre, pour ne pas réveiller tout le monde si tôt. Elle secoue doucement son patient : « Monsieur Durant, je viens vous faire votre lavement... » Elle a apporté avec elle, deux bouteilles d'eau d'un litre, et un tube de caoutchouc terminé d'un bout par une canule en pyrex et de l'autre par un entonnoir en verre.

Le patient grommelle : « Salope ! Tu ne vas pas m'enculer à cette heure ci ! » « Allons Monsieur Durant, donnez-moi vos fesses, il faut que je vous prépare pour votre examen de tout à l'heure » Doucement, en maugréant l'homme fait ce qui lui a été demandé. La jeune femme travaille avec douceur et délicatesse. L'homme se plein fortement et exprime son mécontentement par force jurons que je juge plutôt excessifs. L'infirmière vient de finir l'introduction de la canule et l'homme se calme un peu, mais continu de gindre. En suite elle élève l'entonnoir et commence d'y verser le contenu de la première bouteille, repose le flacon, chasse les bulles de la tubulure, et l'entonnoir visiblement s'écoule dans le ventre du patient. Elle reprend la bouteille et le complète à mesure que les entrailles de son client se remplissent.

A ce point du récit, je dois vous préciser que moi, spectateur involontaire de cette scène, j'use et j'abuse joyeusement des biens faits des lavements depuis plusieurs années, et que je suis très jaloux du traitement qu'elle est en train d'appliquer devant moi à cet imbécile qui ne sait pas apprécier les bonnes choses.

Ce sal bonhomme sentant l'eau le pénétrer et subissant les premières coliques, insulte la malheureuse dans des propos orduriers sans se soucier de réveiller le reste de la chambre. Il se contracte tellement que le lavement ne peut plus descendre... La brave jeune femme continue de lui parler gentiment et de l'encourager : Allons détendez-vous, respirez profondément » Et comme elle termine la première bouteille « Vous voyez, vous en avez déjà pris la moitié... » « Faut que j'aille chier ! Faut que j'aille chier ! » « Mais non, attendez que je vous ais mis les deux litres, et il faudra encore le garder dix minutes... Si non je devrais tout recommencer depuis le début ! »

A l'évocation de cette menace, il jaillit de son lit, arrache la canule de son fondement et s'enfuit vers les toilettes, laissant là la si jolie infirmière avec sa deuxième bouteille.

Moi je suis vraiment désolé de voir traiter une femme de la sorte, et désolé aussi de voir repartir le reste du traitement. Je crois que si j'avais été seul avec elle dans la chambre, je lui aurais proposé mon postérieur pour finir le lavement, et de ma part, elle n'aurait eu que des remerciements. Mais il reste un autre témoin de la scène, et la timidité m'empêche de faire mon offre...

Je ne reverrai pas ce mauvais malade ni la jeune femme, puisque deux heures plus tard je suis à nouveau déplacé vers un autre hôpital plus près de chez moi.